- Pourquoi il ne faut pas acheter de fraises d’Espagne !

Il me fallait écrire, là tout de suite, sur un sujet qui me tient vraiment à cœur : la fraise.

Je vais essayer de l’expliquer ‘façon Marlène’ de la même façon que j’essayais d’expliquer à une collègue de travail mangeant du melon en Décembre !

Dieu a créé des saisons, alors faisons en sorte de les respecter.

Décembre n’est définitivement pas la saison du melon, ni de la fraise d’ailleurs. J’aurai du dire la même chose à la jeune femme à côté de moi achetant du melon sur le marché il y a deux jours (décidemment y’en a beaucoup de cette espèce !). Ca m’a démangé très fortement, quitte à prendre le risque d’avoir la même réponse que j’ai eu de ma collègue avec son melon : ‘Je m’en fout des saisons,  j’adore le melon’…

Au moins j’aurais essayé, et veux me convaincre que non, pas tout le monde se fiche des saisons. Que l’on peut préparer de super desserts et salades de fruits avec des fruits d’hiver, même si c’est un peu moins excitant pour certains. L’avantage est qu’ils seront encore plus excités (comme moi) quand arrivera le printemps car ils auront attendu ces fraises, cerises et autres délices d’été pendant un an.

J’essaie de préparer mon petit voyage à Séville et évidemment, je traine beaucoup au rayon ‘food’. Je suis encore tombée sur un article sur la fraise d’Espagne qui m’a vraiment, mais vraiment agacé, à tel point qu’il a fallu que j’en parle tout de suite pour rappeler et me rappeler dans quel monde nous vivons.

Depuis que notre société de consommation a pris l’habitude de proposer dans ses supermarchés n’importe quels fruits et légumes frais en toute saison, l’Andalousie s’est spécialisée dans le maraîchage intensif sous serres, notamment dans les régions d’Almería et de Huelva. Depuis les années 1980, cette dernière se consacre à la culture intensive de la fraise. En 2011, dans la région d’Almeria et de Huelva, 6000 hectares étaient ainsi réservés à la culture de ce fruit pour une production s’élevant entre 240 000 et 270 000 tonnes, 85 % de celle-ci étant destiné à l’exportation. Ce qui fait de l’Espagne le 1er pays exportateur de fraises au monde.

Cette exploitation intensive pose des problèmes bien sur, aussi bien environnementaux que de santé publique ou sociaux.

Une telle production nécessite un emploi massif d’engrais, de fongicides et d’insecticides (sans parler des besoins en eau), il n’est donc pas surprenant que plusieurs analyses aient révélé la présence de ce type de substances peu saines dans les barquettes de fraises importées de la région de Huelva.

Par ailleurs, les tunnels de plastique qui permettent aux fraises de pousser doivent régulièrement être remplacés. Ces plastiques imprégnés de pesticides sont alors entreposés dans des décharges à ciel ouvert et du coup, brûlent, comme par accident… Les fumées de combustion génèrent une contamination par la dioxine et les métaux lourds.

De plus, dans la région, les feux de plastique ne sont pas la seule cause de pollution. Dans la zone de Huelva, les champs s’arrêtent à la porte des usines. En dehors de la fraise, l’autre activité économique de la région est concentrée dans l’une des zones industrielles les plus denses d’Europe. À quelques kilomètres des usines, se trouve un pôle industriel comprenant une raffinerie, une centrale thermique, des fabriques de cellulose ou encore d’engrais. On comprend qu’aucun producteur de fraises de la région n’aie même tenté d’obtenir le label bio.

Cette production nécessite aussi une main-d’œuvre saisonnière énorme, dont la grande majorité est constituée de travailleurs migrants, des femmes essentiellement, (en 2009, 80 % de la production d’une soixantaine d’entreprises andalouses venait en fait du Maroc) une main-d’œuvre fragile et peu consciente de ses droits, ce dont certains employeurs profitent.

Pour ce qui est de la question environnementale, la région était constituée d’une des plus grandes pinèdes du littoral atlantique européen. Une partie de cette forêt est protégée (le parc de Doñana). Ces entrepreneurs peu scrupuleux convertissent la forêt en terrain agricole et, après 3 ans, selon la politique du fait accompli, ils en obtiennent l’autorisation d’exploitation. Les responsables ont rarement été condamnés et, de toute manière, dans le business de la fraise, les amendes font partie des coûts d’investissement. Sans compter des richesses qui leur permettent d’influencer efficacement le pouvoir économique et politique.

Tout ça n’est encore que corruption, profit… au détriment de nos richesses, de nos valeurs et aussi de nos saisons.

Alors je dirai juste qu’au lieu de nous trouver des excuses peu valables et dire que d’acheter des fruits en saison ne va rien changer car tout le monde s’en fiche, nous ferions mieux d’être plus responsables et honnêtes envers nous même, s’il y a autant de produits hors saison sur nos marchés c’est parce-que nous les achetons.

Je ne parle pas de mangues ou de bananes qui ont besoin d’un climat tropical pour grandir mais juste de ce petit fruit si beau et fragile qu’est la fraise, que l’on peut trouver tout prêt de chez nous. Le Japon, les Etat-Unis, la France et bien sur le Royaume-Uni produisent des fraises magnifiques.

Il suffit juste d’être un peu patient et d’attendre la bonne saison. Et oui ce n’est qu’une petite goutte d’eau mais ces petites gouttes feront un étang, un lac et un océan.

A quoi bon continuer si on ne croit plus en rien… et j’y crois…

fraises1

Photos prise au Printemps dernier, inutile de préciser ! x

2 Comments

  1. Stéphanie dit :

    Parfaitement d’accord, le changement ça commence chez soi! Qu’est ce que c’est que c’est conneries de penser que manger des fraises en hiver ne va rien changer…et l’effet papillon alors!!!

    Bien dit Marlène: Bravo!

    • Merci 😉 je crois que je vais faire des formations car mes amis commencent à faire des commentaires quand ils sont sur le marché ‘non pas ça, c’est pas la bonne saison!’ et ensuite jettent un oeil vers moi tout fiers l’air de dire ‘t’as vu ? t’es fière de moi là ?’…. comme quoi avec un peu de volonté, petit à petit…. 😉

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